La bastide de Plaisance-du-Gers au XIXe siècle : croissance et apogée du
bourg-marché (vers 1780-1880) par ALAIN LAGORS, professeur d'histoire,membre de la Société Archéologique et historique du Gers et Plaisantin. |
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Le
clou de la fête locale de 1862 est l'aérostat de Monsieur Godard (89) ! La route qui véhicule et la prospérité et les innovations, est bien à l'origine d'une transformation progressive du mode de vie des Plaisantins. B. - LES ÉTAPES DE L'ÉVOLUTION URBAINE Le quasi-doublement de la population plaisantine entre 1791 et 1886 (de 1105 à 2103 habitants) se traduit sur le plan topographique par une expansion proportionnée. Guidée par les étapes de la construction des nouvelles routes, la croissance urbaine se fait en deux phases et en deux directions : 1 - FIN XVIIIe - 1836 : LA NAISSANCE DE LA « BASTIDE-ROUTE » ET LES RÉAMÉNAGEMENTS DU NOYAU URBAIN ANCIEN La grande route des Pyrénées (1777-1782) qui traverse le coeur de la bastide remodèle pendant une cinquantaine d'années l'espace urbain de Plaisance de la fin de l'Ancien Régime. Son passage s'est accompagné en effet : 1) - D'une extension et d'une restructuration du faubourg Sainte Quitterie La confrontation des plans de la commune de l'An XI et de 1826(90) révèle que c'est la portion de la route des Pyrénées traversant le vieux faubourg de la bastide (91) qui capte le gros de la croissance urbaine dans le premier quart du XIX' siècle . Ici, dans ce « barry » déjà très peuplé à la fin de l'Ancien Régime (92), la construction de la nouvelle route a posé des problèmes aux consuls de la ville, puisque sur son tracé rectiligne se trouvaient des bâtiments qu'il a fallu démolir (93). Les nouvelles maisons s'établissent pendant cinquante ans le long du nouvel axe routier, parfois loin au sud, dans le nouveau quartier de Rapine(94) apparu dès la fin du XVIII, siècle. On assiste donc, non seulement à une extension topographique du faubourg Sainte Quitterie le long de la grande route mais aussi à sa restructuration autour de celle-ci. La densification des constructions est également à l'origine de l'essor du quartier des Paouets à l'ouest du « barry ». Des maisons sont construites aussi dans le faubourg débat de la bastide jusqu'alors peu peuplé, mais aussi sur la rive droite de l'Arros, le long de la route des Pyrénées, ici haussée à cause des inondations, qui devient, dès 1788, l'Allée des Ormeaux ( 95). 2) - De l'ouverture du bourg à la circulation et au commerce Sur la plan de l'An XI, le coeur de la bastide, très exigu, apparaît comme éventré par le passage de la grande route. Obstacle à la circulation, la vieille halle de la bastide, (96) édifice multifonctionnel et construction fermée, qui se trouvait au centre de la vieille place, est détruite entre 1793 et 1804. Les portes (97 ) de la ville, elles aussi en mauvais état, sont abattues vers 1782. Le bourg s'ouvre à la circulation et au commerce. Un foirail est créé en 1811 « au bout du pont » tandis qu'une halle au blé est aménagée en 1818 dans la vieille chapelle Saint Nicolas qui s'élevait sur la place donnant sur la rivière. Une petite place aux légumes voit le jour à la même époque au sud de la maison Pandellé (98). Pour financer la reconstruction du petit pont de bois, maintes fois détruit par les violentes inondations de l'Arros -donc élément fragile de la circulation la municipalité établit en 1823 un poste d'octroi à l'entrée de la ville (99). Les pavés des rues sont refaits et les routes régulièrement gravelées. Le bourg qui s'ouvre, s'aère correspond aussi aux impératifs de salubrité publique des édiles locaux. 3) - D'un enrichissement du bourg qui s'embellit En 18 18, la reconstruction de l'hôtel de ville qui «fait l'admiration des étrangers » (99bis) est achevée. Dès 1826, on envisage aussi d'agrandir l'antique église Sainte Quitterie (100) , devenue trop petite du fait de l'augmentation importante de la population plaisantine dans le premier quart du XIX, siècle. Lors des offices, une grande partie des fidèles, ne pouvant trouver de place dans la nef de l'église devenue trop exiguë, reste sous le porche. Les « masures informes », c'est à dire les anciennes maisons à pans de bois, sont reconstruites du fait de l'enrichissement de la population (101). « La bastide des Palhassôts » devient peu à peu une ville de pierre. . |
(89)
Compte du comité des fêtes.... op. cit. En 1859, une attraction parisienne connut un
grand succès. Elle consistait en une ascension en ballon captif de grande taille qui,
muni d'une nacelle géante, permettait aux amateurs de contempler Paris d'une hauteur de
500 mètres. Prix de l'ascension 5F. Cette performance extraordinaire pour l'époques
était due à l'initiative des grands Ateliers Aérostatique du Champ de Mars avec Louis
Godard, Ed. Surcouf et J. Courty, ingénieurs aéronautes.
(90)A.M Plaisance; Plan de 1826.
(100) Idem, séance du 22-12-1826. (101) Dominique Vincent.... op. cit., Matrices Cadastrales, Volume 1, Reconstruction. |